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quarta-feira, maio 12, 2010

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe
Tout l'hiver va entrer dans mon être : colère
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe

J'aime de vos longs cheveux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.

Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! Soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou soeur soyez la douce éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.

Courte tâche ! La tombe attend, elle est avide !
Ah ! laissez-moi mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !


Charles Baudelaire
(Les Fleurs du mal)

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